Victor Hugo à Reims

Alors âgé de 23 ans, Victor Hugo se rend pour la première fois à Reims en mai 1825 à l’occasion du sacre de Charles X, à l’invitation même du roi.

Au début des années 1820, Victor Hugo bénéficiait d’une certaine reconnaissance dans les milieux littéraires, même si peu connu encore du grand public. Il se distinguait, ainsi qu’Alphonse de Lamartine, comme un jeune poète romantique et royaliste. C’est ainsi qu’il fut convié au sacre de Charles X, le dernier sacre d’un roi de France à Reims.

Le 24 mai 1825, Victor Hugo prend le fiacre de Paris à destination de Reims en compagnie de son ami l’écrivain Charles Nodier, d’un certain M. de Cailleux et du peintre Jean Alaux.

 Les lettres qu’adresse Victor Hugo à son épouse Adèle ainsi que la biographie « Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie » rédigée par celle-ci lors de leur exil sur l’île anglo-normande de Jersey, relatent les péripéties de ce déplacement quelque peu mouvementé. Notamment l’épisode des malles défoncées : le bagage de Victor Hugo est troué et laisse s’échapper son argent et sa croix d’honneur.

Arrivés à Reims, la question du logement se pose pour les 4 compagnons de voyage. Les auberges et hôtels sont complets. Grâce à l’intervention du directeur du théâtre de Reims, ils trouvent l’hospitalité chez Mlle Florville, une actrice du théâtre de Reims. La première visite du jeune écrivain poète est pour la cathédrale « Elle est admirable comme monument d’architecture gothique. Il faudrait un an pour tout voir et tout visiter ».

Le 29 mai 1825, Victor Hugo et son ami Charles Nodier se rendent à la Cathédrale, munis de leur invitation, pour la cérémonie du sacre qui commence à 7 heures du matin. Ils sont placés dans la galerie, à gauche de la nef. « Nous avons vu le sacre, mon Adèle. C’est une cérémonie enivrante ».

Peu de temps après, le poète compose « L’Ode au sacre de Charles X » où il célèbre de manière passionnée le renouveau de la monarchie en France, sans oublier de citer la cathédrale de Reims et la Ville des Sacres. Bien des années plus tard, en évoquant ses années de jeunesse et après avoir abjuré la foi catholique et monarchiste qui l’animait en 1825, il parlera d’un ton moqueur de la cérémonie du sacre.

 Avant de quitter Reims, le poète prend le temps de flâner dans la ville, notamment dans le quartier Saint-Remi et la rue Folle Peine. Une jeune gitane dansant une cour et le sonneur de cloches petit et bossu de la Basilique Saint-Remi lui auraient inspiré les personnages d’Esmeralda et de Quasimodo du roman « Notre-Dame de Paris ».

 Victor Hugo reviendra à Reims à plusieurs reprises. En 1838, il envoie un dessin de la cathédrale à sa fille Léopoldine. Puis en 1840 et enfin en 1871 dans une ville occupée par les Prussiens.

Source : Annuaire-Bulletin de la Société des Amis du Vieux Reims, 1927-1928

Portrait de Victor Hugo sur fond de Notre-Dame de Reims. Toile de Jean Alaux, Maison de Victor Hugo, 1822.